Nous avons gravi le premier échelon dans notre ascension vers la coupe Tevis 2014. Nous avons fait l'American River 50 le samedi 26 avril.


Comme le sentier ne permet pas de doubler facilement au début – il est principalement à voie unique – nous avons veillé à nous positionner plus en avant que d'habitude pour le départ. En arrivant au premier contrôle vet, vers les 17 miles (27 km), nous nous sommes retrouvés au milieu d'un groupe rapide d'environ huit chevaux, qui prenaient la tête à tour de rôle. Un seul de ces chevaux a quitté le contrôle vet avant nous et nous l'avons rattrapé assez vite.


C'était un mustang, un petit hongre sorrel coriace que Stella a immédiatement pris en grippe. Avec cette jument, pas moyen de tempérer, si elle n'aime pas un cheval (disons plutôt un « hongre »), on le sait tout de suite. Quand il était derrière nous, elle essayait de ralentir pour mieux le botter. Quand on s'arrêtait à un abreuvoir, elle se retournait et lui décochait un coup de pied au moment où il s'y attendait le moins. C'était assez drôle, mais bien sûr, il est primordial d'empêcher les chevaux de se blesser mutuellement pendant une course d'endurance.


Le soleil s'est levé et est monté très haut dans le ciel pendant que nous longions le lac, et la vue était magnifique. Il y avait beaucoup de rosée sur les arbres et les buissons, et ceux qui étaient en tête se sont fait tremper. En cette période de l'année, le sumac vénéneux envahit la Californie du Nord. Sous mon gilet, je portais une chemise à manches longues pour me protéger du soleil. On aurait dit que le haut de mon bras gauche était brûlé (le lac était sur notre droite, et le feuillage était plus bas de ce côté-là). En fait, mon épaule avait frappé tellement de branches d'arbres que sans m'en rendre compte, j'avais touché l'huile toxique de cette plante.
C'était une chemise Ariat, alors bien sûr, je me suis plainte à ceux qui l'avaient conçue. Ils m'ont dit : « Jenni, cette chemise n'est pas faite pour protéger du sumac vénéneux. » Bon, tant pis.


Nous sommes arrivés tous les trois en même temps au déjeuner, avec Stella et Zoe précédant le mustang de deux minutes. Les juments étaient parfaites sur tous les plans... avancer, manger, boire, déféquer, uriner. Tout ce qu'on veut voir faire un cheval. Au bout d'une heure, nous sommes remontées en selle pour effectuer la boucle de l'après-midi vers Cool. La première partie de la boucle était le sentier Tevis (6,5 km entre No Hands Bridge et Auburn Overlook) puis nous avons traversé de jolies prairies verdoyantes ponctuées d'imposants chênes. Absolument magnifique.


Le mustang nous a rattrapées puis doublées au début de la boucle et nous l'avons laissé s'éloigner. Il allait trop vite pour nous, car l'objectif de Jenn était que nous gardions, dans la mesure du possible, le même rythme d'un bout à l'autre de la course. Pas de souci, les juments avançaient tranquillement. Nous passions en tête du groupe à tour de rôle. Stella est parfaite pour mener ces temps-ci, mais comme elle a tendance à vouloir « économiser » son énergie dans les collines, c'est en général Czoe qui prend la tête sur ce genre de terrain.
La randonnée a été très agréable sur la boucle Olmstead et nous avons fini en moins de 5 heures (une bonne allure pour ce genre de parcours). Le mustang a gagné, Czoe/Jenn ont fini en deuxième place et Sella/moi en troisième. On avait quinze bonnes minutes d'avance sur les chevaux suivants.

Je voudrais ajouter un petit mot de remerciement pour notre équipe suiveuse - notamment Bob Sydnor. Bob nous a suivies pendant toute la course, nous apportant nos indispensables cafés aux points stratégiques et préparant tout pour la prise en charge efficace de nos chevaux. Il a assuré le déplacement de l'équipement du début à la fin, et nous a ainsi permis de faire une course sans incidents et sans soucis. Dans ce genre d'épreuve, une bonne équipe suiveuse fait toute la différence.


Dans une course d'endurance de 50 miles/80 km, on a généralement une demi-heure pour amener le cheval aux normes (en l'occurrence, un rythme cardiaque de 60 pulsations par minute). La plupart des cavaliers en profitent pour passer au contrôle vétérinaire. Si on attend trop longtemps pour faire le dernier contrôle vet, on court le risque de voir son cheval se raidir lorsque le temps se rafraîchit.


On est donc passé au contrôle vet et tous les points ont été vérifiés relativement vite. Puis nous avons rejoint notre équipe suiveuse (le contrôle se faisait à Overlook) pour bichonner les juments avant l'examen de leur état. Nous faisions de notre mieux pour ne pas trop les déranger pendant qu'elles avalaient tout ce que nous mettions devant elles.


Le prix de la meilleure condition était la dernière épreuve. Les dix premiers arrivés sont invités à présenter leurs chevaux pour cet examen. On peut dire que ce prix est plus prestigieux que la première place à la course, parce qu'il est octroyé au cheval qui présente le meilleur état de santé – compte tenu du poids qu'il a porté et de son temps d'arrivée.


Pour cet examen, le vétérinaire doit vérifier tous les signes vitaux du cheval, relever son indice de récupération cardiaque (cela consiste à prendre le pouls du cheval à l'arrêt, puis à le faire trotter sur une distance donnée et le laisser se reposer une minute avant de reprendre le pouls), et à le regarder trotter sur une ligne droite et en cercle dans les deux directions. Ces résultats sont ensuite calculés avec le poids total du cavalier ou de la cavalière (avec harnachement, l'avantage allant aux cavaliers les plus lourds) et le temps de course (nombre de minutes après le gagnant). Le score final détermine le gagnant du prix de la meilleure condition.


Une heure après notre arrivée – le moment indiqué pour nous présenter à l'épreuve de la meilleure condition – nous sommes retournées voir le pool vétérinaire. Melissa Ribley, une vétérinaire aussi respectée qu'elle est appréciée dans le monde de la course d'endurance, dirigeait l'épreuve. Bon, je concède que Stella n'est pas le cheval le plus flamboyant. Elle ne parade pas au trot, queue en l'air comme ont tendance à le faire certains chevaux arabes (que je ne nommerai pas). Elle se contente d'obéir et de trotter tout droit ou en cercle, tête droite et oreilles à moitié dressées. Pas vraiment le genre d'attitude digne d'une championne. Mais elle a compris ce qu'on lui demandait et elle a bien obéi, même si sa prestation était loin d'être spectaculaire.


Melissa est une bonne vétérinaire, et elle a su voir au-delà de ce manque d'effet théâtral. Elle m'a complimentée sur l'apparence et les signes vitaux de Stella, m'a dit qu'elle ne savait pas exactement quels avantages le gagnant pouvait tirer de son poids et de son temps de course, mais que Stella était superbe. J'étais très heureuse et j'ai tapoté l'encolure de mon cheval pour le féliciter en le ramenant au van.
Jenn et moi devions rentrer ce soir-là pour diverses raisons, alors une fois les chevaux suffisamment reposés, nous avons repris la route. Nous n'étions malheureusement plus là lorsque Melissa a annoncé à la foule de cavaliers présents que Stella était un très beau spécimen et qu'elle lui octroyait le prix de Meilleure condition. Hourra !

C'est la première fois que j'amène un cheval à la victoire pour le prix de la Meilleure condition. Même si cette victoire est largement dû au cheval lui-même – son physique naturellement puissant auquel s'ajoute l'excellent plan de soin et de mise en condition de Jenn – j'ai ressenti une grande fierté. Stella est une partenaire formidable. C'est indubitablement le cheval le plus fiable et le plus constant que j'aie jamais monté et je peux toujours compter sur elle pour savoir se ménager quand il le faut. Et ça, c'est énorme quand on est en plein milieu d'une course d'endurance. C'est un excellent poney. - Pour en savoir plus, visitez : http://www.equisearch.com/community/blogs/jenni-smith?page=3#a3231